La question du sens

Publié le par Crystal

Depuis le début de son histoire, l'homme cherche à donner du sens à la vie. Pourquoi ?

Tous les phénomènes de ce monde sont transitoires. Les objets et les personnes que nous rencontrons finissent par disparaître, de même que notre propre corps ainsi que notre pensée. Ce qui signifie que nous serons amenés à perdre tout ce que nous possédons.

Devant l'impermanence de l'avoir, il faut bien se chercher un être qui, lui serait immuable et permanent. Les religions fournissent de nombreux arguments dans ce sens. Pour les monothéistes, nous avons une âme qui reçoit la responsabilité de nos actions sur Terre. Pour les bouddhistes, seules les conséquences de nos actes subsistent à notre disparition; c'est donc cela, en définitive, qui forme notre moi. Quoiqu'il en soit l'idée de conséquence semble importante.

Au delà de toute explication religieuse, il paraît necessaire à notre équilibre mental de penser qu'il y a bel et bien un moi dont la réalité est indiscutable. Il serait également possible de penser que tout est illusoire, mais force nous est de reconnaître que nous souffrons, et que cette souffrance ne va pas disparaître simplement parce que nous souhaitons nier sa réalité.

La souffrance revêt le caractère absolu de quelque chose auquel on ne peut se soustraire. Dans ces conditions il nous paraît necessaire que notre existence ait elle aussi un caractère absolu. Pouvoir en toute circonstance relativiser la souffrance, ce serait ne plus souffrir. Peut-être alors perdrions nous le besoin de quelque chose d'éternel et d'intangible que nous pourrions appeler le moi. Et il est possible que la réciproque soit également vraie: perdre le besoin de donner un sens absolu à notre existence nous permettrait peut-être de ne plus voir cette souffrance comme quelque chose d'absolu.

La sagesse nous impose de penser que le sens général de la vie nous échappe, étant donné que nous n'en voyons que la partie qui nous concerne et qui est finalement assez petite. Mais cela ne nous empêche pas de chercher un sens plus particulier, en adéquation avec notre situation, quelque chose de plus personnel.

Alors, peut-être que le moi que nous cherchons n'est pas, en fait, absolu, mais qu'il est l'absolu relatif à notre propre existence, dans la mesure où il en est la condition necessaire. Dans notre representation des choses, il ne peut rien y avoir sans ce moi, et pourtant il est vraisemblable que le monde serait quasiment le même sans nous.

Peut-on relativiser ainsi sa propre existence, sans utiliser la ruse de l'esprit qui consiste à se représenter un monde sans nous-mêmes de la même façon que lorsque nous y sommes ? Comment se représenter sa propre absence, sa propre négation ? Certainement, il nous est impossible de connaître ce qui est au delà du monde que nous pouvons percevoir par les sens et l'intelligence.

Néanmoins la notion de conséquence trouve ici son importance, car il nous est possible, indirectement, d'exercer une action sur ce qui est en dehors de notre perception. Il est clair qu'il existe une dynamique globale, même si elle est inconcevable. Et nous y participons, par l'intermédiaire du sens relatif que nous donnons à notre vie.

Reste à comprendre quel est l'impact de cette conscience qu'il existe une globalité invisible à nos yeux et que nous en sommes quelque part responsables. De nombreux évènements historiques ont eu lieu par l'action de la conscience globale des masses, bien que souvent il ne s'agissait de rien d'autre que d'un mouvement d'hystérie collective. Peut-être, encore une fois, serait-il plus sage de renoncer à influer sur l'histoire du monde, individuellement ou collectivement.

Publié dans Reflexions

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