Comment croire à la sincérité ?

Publié le par Crystal

Beaucoup se plaignent du manque de sincérité, de l'omniprésence du mensonge qui imprègne notre société. Il est vrai que c'est un véritable fleau qui artificialise toutes nos relations et fait régner la méfiance; de sorte qu'il devient impossible de s'entendre, de faire des projets avec qui que ce soit.

Mais regardons plus avant. Il y a avant tout une confusion entre honnêteté et sincérité. L'honnêteté, c'est d'agir dans le respect de l'autre; la sincérité, d'exprimer notre ressenti profond, nos motivations les plus intérieures. Rien ne prouve qu'il soit honnête d'exiger des autres la sincérité.

Le problème est que l'homme a pour habitude de mentir aux autres et de se mentir à soi-même. Et comme on le sait, il est plus façile d'accuser les autres de mentir que de voir au travers de ses propres mensonges. Beaucoup de gens semblent penser qu'il suffit de le vouloir pour être sincère. En réalité, c'est une pratique qui demande beaucoup de courage et de lucidité, et qui devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que l'on accumule des choses à cacher.

Pourquoi serions-nous aussi menteurs ? Les plus paranoïaques pensent certainement que l'homme cherche avant tout à profiter de son prochain. Il me semble qu'en réalité ce qui nous motive est plutôt l'absence de confiance, la peur d'être exposé et ridiculisé dans toute notre misère humaine. Exprimer la réalité de nos sentiments, c'est prendre le risque de n'être pas compris, d'être perçu comme une figure comique, ou d'être traité en pervers.

Demander aux autres d'être sincère, c'est malhonnête dans la mesure où ce qu'on leur demande, c'est l'accès à leur intimité, dont ils sont les seuls gardiens, car elle contient les clefs de leur identité. Cette intimité, ils peuvent nous la donner dans la mesure ou ils pensent que nous en valons la peine, mais il ne nous appartient pas de l'exiger. C'est quelque chose qui s'obtient par la patience et le respect.

Le mensonge est le fondement de la société humaine. Les hommes se seraient certainement entretués depuis bien longtemps si ils savaient ce qu'ils pensent les uns des autres, sans avoir pour autant la capacité à se pardonner. Celui qui prétend être l'incarnation de la vertu est certaienement un menteur, mais qui est en droit d'exposer au monde l'ampleur de sa tartufferie ? Il nous faut d'abord regarder inflexiblement à l'intérieur de nous-mêmes.

Nous cacher aux yeux des autres est regrettable, mais il nous faut reconnaître que nous avons des raisons de nous en méfier. Le besoin de sincérité ne devrait pas être une obligation morale, mais plutôt relever du plaisir de partager son intimité avec ceux que l'on a choisi.

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